« Education non formelle »… Avez-vous déjà entendu parler de ces termes ? Cette expression vous semble-t-elle familière ? Certainement, car depuis quelques temps maintenant, différentes institutions de renom tentent de rendre plus visible cette approche de l’éducation, principalement dans le domaine de la jeunesse. Ainsi l’Union Européenne par exemple déclare : « L’éducation et la formation non formelles et informelles représentent un aspect particulier pour le domaine de l’éducation et de la formation parce qu’elles complètent l’éducation et la formation formelles. Leur valeur dans le domaine de la jeunesse devrait être davantage reconnue en raison des compétences et des qualifications qui y sont acquises par les jeunes et de leur rôle dans le processus d’apprentissage. »[1]

Mais qu’est-ce que cela signifie au juste et pourquoi chercher à valoriser ces formes d’éducation ?

Petite distinction préalable :

L’éducation formelle a lieu dans un cadre formel et est sanctionnée par un diplôme – typiquement, à l’école.

Tout comme l’éducation formelle, l’éducation non formelle dispose d’un cadre spécifique et d’objectifs mais elle n’est pas sanctionnée par un diplôme et surtout elle a recours à des méthodes d’apprentissage basées sur la participation active, le partage et l’engagement volontaire dans le processus d’apprentissage. Les orientations, comme les weekends de préparation au départ ou les débriefing de milieu et de fin de séjour sont typiquement des moments d’apprentissage non formelle, de même que les weekends de formation des volontaires. Il en est de même pour les ateliers proposés par AFS dans les écoles.

A l’inverse, l’apprentissage informel renvoie à des apprentissages « hors cadre », c’est-à-dire tout au long de la vie, sans objectifs définis à l’avance. On ne l’appelle d’ailleurs plus éducation mais apprentissage. Les séjours en immersion ou l’accueil d’un étudiant étranger sont par exemple de magnifiques opportunités d’apprentissage informel.

Ces deux dernières formes d’apprentissage partent d’un principe bien spécifique : un individu n’apprend ou n’évolue dans ses apprentissages que lorsqu’il accepte de quitter sa zone de confort… La zone de confort est un état psychologique dans lequel la personne se sent à l’aise, en pleine maitrise de son environnement familier et sans pression. Une activité en éducation non formelle est conçue pour déstabiliser le participant, le « mettre en danger », le questionner, pour l’inviter à accepter le risque de quitter sa zone de confort tout en veillant à ce qu’il n’atteigne pas la zone de panique qui le paralyserait et le bloquerait, c’est-à-dire tout en veillant à ce qu’il garde un contrôle sur ses actions. Tout est donc une question d’équilibre et de voyage entre la zone de confort – nécessaire pour permettre au participant de se ressourcer et de garder confiance – et la zone de panique qu’il faut se garder d’atteindre ; c’est donc un voyage dans la zone d’apprentissage.

L’éducation non formelle est puissante car elle permet au participant de vivre ses apprentissages, de ressentir, d’éprouver et d’évoluer à son rythme. Elle se fait par les jeux de rôles, de collaboration, de simulation, les mises en situation, les exercices de réflexion et prend surtout tout son sens lors des moments de débriefing où les participants sont amenés à partager et à échanger sur ce qu’ils ont vécu.

L’éducation non formelle complète magnifiquement bien l’éducation formelle indispensable à la construction de savoirs et à l’acquisition de compétences. D’ailleurs, la frontière entre ces deux types d’éducation n’est pas toujours si claire car il arrive de plus en plus souvent que les méthodes de l’éducation non formelle soient utilisées dans un cadre formel comme l’école ou l’université.

Une expérience d’immersion culturelle telle qu’AFS la conçoit est source d’apprentissages informels et est ponctuée d’activités non formelles qui invitent les participants à porter un regard réflexif sur ce qu’ils vivent.

Il en va de même pour le volontariat AFS qui permet aux personnes qui s’y engagent de vivre une multitude d’expériences formatives – la rencontre de la différence, l’organisation d’évènements et d’activités, la gestion d’un comité – ponctuées de moments de réflexion et d’apprentissages non formels.

C’est ce mélange d’informel et de non formel qui fait d’AFS une organisation éducative à part entière dont l’impact, nous en sommes sûrs, ne cessera de croitre dans le futur.

[1] http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=URISERV:c11096

Ces compétences et aptitudes ont en commun le fait qu’elles ne peuvent s’acquérir dans les livres : elles doivent être expérimentées et mises en pratiques "dans la vie".

« Un aspect frappant de l’éducation non formelle est que les méthodes de travail et les approches en sont plus souvent élaborées et documentées que les éléments et les produits de l’apprentissage. Les méthodes sont actives, interculturelles ou expérimentales, et orientées sur les participants et l’apprentissage par l’action. Les éléments de l’apprentissage peuvent se résumer en termes d’aptitudes et de compétences pour la vie. Exemples : aptitudes à résoudre des problèmes, compétences communicationnelles, flexibilité, conscience et estime de soi, discipline personnelle, gestion des relations, compétences de gestion personnelle, engagement, leadership et aptitudes de négociation. Ces compétences et aptitudes ont en commun le fait qu’elles ne peuvent s’acquérir dans les livres : elles doivent être expérimentées et mises en pratiques « dans la vie ».

Mini-Compendium de l’éducation non formelle, Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2007.