par damianepsztein, le 22 mai 2019

Mick est un ami de longue date et un défenseur d’AFS Intercultural Inc. La semaine dernière, Linda Stuart a eu l’occasion de parler avec Mick au sujet de son rôle dans l’élaboration du Certificat de Compétences Internationales, de son discours d’ouverture à AFS Colombie et de son livre à paraître, « Intercultural education from the inside out », coédité avec les experts en interculturalité Tara Harvey, Ph. D. et Charles Calahan, Ph. D.

Écouter le podcast complet ici :

 

BIO

Michael « Mick » Vande Berg, Ph. D. est un membre qualifié de l’Intercultural Development Inventory (IDI) et un instructeur de séminaire de qualification IDI. Directeur et fondateur de MVB Associates, LLC, il a occupé des postes de direction dans un certain nombre d’institutions particulièrement engagées dans l’éducation internationale et interculturelle, notamment l’Instituto Internacional, à Madrid en Espagne, le Kalamazoo College, la Michigan State University, la School for International Training Georgetown University et le Council on International Educational Exchange (CIEE). Il a été responsable de plusieurs projets de recherche, dont l’étude du Georgetown Consortium. Ses publications comprennent des traductions de l’espagnol vers l’anglais de deux classiques de la littérature espagnole du XXème siècle, de nombreux articles et chapitres sur des sujets littéraires et interculturels, ainsi que Student Learning Abroad: What Our Students Are Learning, What They’re Not, and What We Can Do About It. (en collaboration avec Michael Paige Ph.D. et Kris Lou Ph.D.).

 

Points forts de la rencontre

Linda : Vous étiez membre d’une grande équipe internationale qui a conçu le programme original de Certificat de Compétences Internationales, autrement dit le CCI. Que pouvez-vous nous dire sur cet outil et sur ses objectifs ?

Mick : Ce qui m’a frappé, c’est que nous sommes tous des formateurs et des concepteurs interculturels expérimentés. Et, bien sûr, c’est un grand avantage, mais nous avons abordé ce projet sous différentes approches. Ce que nous avions en commun c’était de savoir que les étudiants n’apprenaient pas automatiquement en allant à l’étranger. Nous pensions, et nous savions grâce aux recherches auxquelles nous avions participé, que les étudiants peuvent apprendre, peuvent acquérir un apprentissage interculturel à l’étranger, mais ce n’est pas automatique et nous devons intervenir dans cet apprentissage.

Linda : Permettez-moi de dire que les personnes que je connais qui ont lu ce parcours en quatre étapes ont été surprises par sa clarté. Il est à la fois complexe et doit être expliqué, mais les apprenants estiment qu’il apporte de la clarté et disent « Ok, j’ai compris ». En entreprenant ces phases, on commence à comprendre la voie à suivre vers une acquisition de compétences globales.

Mick : Je pense que c’est l’intention derrière tout ça. C’est très clair. Quelles sont les choses essentielles que nous devons faire lorsque nous formons des personnes pour les aider à se développer sur le plan interculturel ? Et j’ajouterai ceci parce qu’il le faut : il ne s’agit pas seulement d’aider les autres à se développer sur le plan interculturel. Le cœur de ce développement en quatre phases est de nous construire de manière interculturelle.

Donc, en réalité et avant même que nous arrivions aux quatre phases, il y a une compréhension — que nous, les sept membres de l’équipe, partagions — qui doit se faire. Il fallait comprendre que nous devons être vraiment engagés dans notre propre développement interculturel pour pouvoir aider les autres à se développer. Nous sommes des apprenants au même titre que nos étudiants.

Cependant, il faut également comprendre que nous ne voulons pas nous détourner des différences. Et quand nous saisissons cette idée, quand nous aidons les gens à le faire et à comprendre que les différences ne disparaîtront pas, cela nous pose un défi. Il est alors facile de positionner négativement face à ces différences. La troisième phase est donc de savoir ce que nous pouvons faire pour gérer nos propres réactions face aux différences qui représentent un défi pour nous, aux différences qui nous désorientent. La façon dont nous le présentons, en termes de phases, est pensée parce que nous voulons aider les gens à devenir plus conscients en ce qui concerne leur manière de réagir aux différences des autres et aux similitudes qu’ils partagent avec eux.

Actuellement, le CCI est l’une des mises en pratique de ces quatre phases. Et je suis heureux d’y avoir contribué et de pouvoir continuer à jouer un rôle… Je pense que c’est un outil vraiment important. C’est un programme que les étudiants peuvent très facilement utiliser.

Il faut également se demander « que puis-je faire, en tant qu’éducateur, pour m’intégrer dans ce programme. » Et je pense que les recherches qui ont été faites en utilisant les évaluations pré et post IDI montrent assez clairement que le CCI est un instrument très précieux que nous apprenons à utiliser au mieux.

Linda : Je suis curieuse de savoir si vous pouviez expliquer un peu plus en détail la formation que vous donnez et peut-être dire quelques mots sur ce que vous faites pour vous assurer qu’elle se reflète dans les séminaires interculturels que vous donnez en faculté ?

Mick : Les expériences que nous vivons avec nos étudiants, de mon point de vue et, je pense, de celui d’un nombre grandissant d’entre nous, font partie de ce besoin d’avoir une expérience interculturelle avec les personnes avec lesquelles je travaille. Cela doit commencer par moi, l’engagement que j’ai et le genre de modèle qui se met en place. Je pense qu’il est vraiment important que les gens me considèrent comme pleinement capable de parfois réussir et de parfois échouer à m’engager dans l’éthique culturelle. C’est donc par-là que je commencerais, et c’est par là que je commence à parler de notre rôle d’éducateur lors des séminaires. Quelles sont nos attentes ? Qu’essayons-nous d’accomplir ? Nous tentons évidemment d’aider nos élèves, mais ce que je veux dire, c’est que pour aider nos élèves, nous devons aussi nous aider nous-mêmes.

Linda : Vous avez fait allusion plus tôt au fait qu’il n’y a pas encore d’outil comme le CCI. Si nous pouvions le mettre à l’échelle, pourriez-vous nous dire quelle différence cela pourrait faire si cet outil allait plus loin, même s’il y a actuellement 5500 apprenants ? Quelle différence un CCI à grande échelle ferait-il vraiment ?

Mick : Chaque jour, nous nous rendons compte de ce que nous faisons de nous-mêmes, de ce que nous faisons des autres et de l’idée que nous pourrions vivre dans un monde plus pacifique et plus juste. Et nous avons continué à le faire. Et nous avons continué à appliquer les pratiques que nous avons obtenues grâce à notre participation à un outil comme le CCI. Je ne pense pas qu’il faille un pourcentage très élevé d’êtres humains dans un environnement donné pour avoir un impact social vraiment profond. Je ne pense pas que ce soit un vœu pieux. Je pense que c’est quelque chose qui se produit au sein de groupes étrangers, nous savons que cela se produit.

Sommes-nous en fait intéressés par le fait que des étudiants aient la possibilité de continuer à s’engager de cette manière à leur retour au pays ? Ou bien que des étudiants qui sont allés à l’étranger, qui ont tiré profit de cette expérience, qui ont grandi et qui se sont développés sur le plan interculturel, se voient offrir des opportunités ; que nous soyons, les éducateurs, instigateurs de ces propositions lorsqu’ils reviennent dans leur établissement d’origine. Ou alors, leur disons-nous en gros : « vous avez été là, vous avez fait cela et maintenant vous revenez à votre vie » ? Je pense donc que c’est un défi pour nous. Je pense qu’aller de l’avant, c’est un vrai défi. Une fois que nous avons commencé, et cela commence à s’ancrer dans les individus et dans les groupes, nous devons vraiment trouver des moyens, en tant qu’éducateurs, de continuer à les mettre au défi, de continuer à leur offrir des opportunités pour leur propre développement.

(Traduction : Tiziana D’Alu : Article AFS Intercultural Programs )